POURQUOI FAUT IL -ou DOIT-ON - CADRER UN JEUNE ENFANT ET LUI APPRENDRE LA FRUSTRATION?

Publié le par LUGGY ou LUGGUY

POURQUOI FAUT IL -ou DOIT-ON - CADRER UN JEUNE ENFANT ET LUI APPRENDRE LA FRUSTRATION?



 

Premiere partie du débat :
Apprendre à dire non et à cadrer un "tout-petit" / POURQUOI ?


 Il est en effet indispensable pour les enfants entre 2 et 4 ans de leur apprendre à être « frustré », terme un peu hard pour dire simplement que les bouts de choux ont cette impérieuse nécessité d’entendre le père et la mère leur dire « non » régulièrement : tout n’est pas permis à toi mon amour d’enfant, même si je t’aime tout plein.

Dire non à son enfant, c’est lui permettre de se bâtir (ou d’accepter) un « cadre » de limites sans lequel le bout de chou ne peut ni apprendre à vivre avec les autres (socialisation) ni apprendre à apprendre (apprentissages éducatifs et savoirs construits, extérieurs à lui) : en jargon pédo - psychiatrique cela s’appelle la « déprivation » c’est-à-dire permettre à l’enfant de se dépriver, donc apprendre à se priver (à se séparer de la mère, à quitter la fusion) pour une triangularisation , qui seule une fois installée permettra à l’enfant de se construire à la socialisation progressive, et d’accepter les règles venues de l’extérieur (la nourrice ou l’ATSEM étant le « substitut affectif de la mère : cela ne suffit pas, ce n’est qu’en étape vers une déprivation vraie, acceptée par l’enfant avec une personne adulte extérieure à la famille et sans lien affectif/ affectueux spécifique...

Quand il y a enfin ce triangle relationnel  enfant à adulte à enfant, alors le petit enfant, garçon ou fille, peut accepter une règle imposée de l’extérieur et alors commencer sa socialisation (apprendre à être avec les autres –vivre ensemble- en respectant une loi externe imposée à tous les membres du groupe), et cette « acceptation de la frustration » permettra aussi l’apprentissage  éducatif imposé par un adulte extérieur au couple familial de sécurité. 

Encore faut-il deux conditions à remplir donc :
  -1- que maman et papa tiennent le même discours, disent tous les deux « non » dans les mêmes situations, imposent leur point de vue sans se « départir » du « bloc de cadrage », sinon l’enfant aura tôt fait de se réfugier dans les bras de l’autre adulte qui, lui, accepte que l’enfant reste « roi » et impose ses caprices à l’adulte, sachant alors d’instinct que ce qu’il ne peut obtenir du père, il l’aura en criant (ou pleurant ou colérant) et en se réfugiant dans les bras de la mère : c’est parce que cet enfant n’est pas encore vraiment « sorti » de la fusion mère-enfant qui l’empêche de grandir ou d’apprendre ; de se socialiser, bref d’accepter la règle venue de l’extérieur, et donc  le(a) petit(e) persistant à « se réfugier dans ce cocon affectif –« bien pratique pour le tout-petit et qui lui permet de faire un avec la maman »-perpétrant ainsi cette protection douce et tendre dont il jouissait quand il faisait un avec sa mère dans sa vie embryonnaire.  

-2- que la mère accepte réellement la déprivation, c’est-à-dire accepte le début de la « dé-fusion » et de l’autorisation donnée à sa progéniture de grandir vraiment, attitude qui –de ce fait- conduit inéluctablement au fait que le bout de chou ne sera plus le « bébé » relié à la mère, ce que de nombreuses mamans n’acceptent pas facilement, perpétrant inconsciemment les gestes et les mots, ou les attitudes qui permettent le rétablissement régulier de cette fusion- « ce cocon protectionnel » dans lequel le petit continue à se sentir « intouchable, car hyper protégé par la fusion enfant-mère ».(les exemples de ce comportement résistant à ce début d’émancipation ne manquent pas : enfants qui le sentent et qui se réfugient dans les bras maternels, qui se « collent au corps maternel » pour restaurer la fusion, les mères qui « pleurent » le 1er jour de la maternelle, les mamans qui prennent à bras l’enfant qui pleure après le « non » du papa, etc.)
 

C’est, enfin,  l’idée que défendent et présentent tous les grands pédopsychiatres qui ont écrit sur la construction du sujet autonome et qui sont les grandes pointures (Dolto, Ruffo,  etc.) qui sont utilisées  grâce à leurs
écrits et grâce à l’expérience acquise depuis 20 ANS pour former les éducateurs de la Petite –Enfance et professionnels associés (personnels de crèche, jardinières d’enfants, ATSEM, accompagnatrices, nourrices agréées, etc.) suivant à l’IUFM les mêmes stages de psychopédagogie que les maîtresses de TPS des écoles maternelles. 

 Guy LHEUREUX, Ancien formateur d’éducateurs , Docteur es Sciences Educatives,
Enseignant d’IUFM et Inspecteur Honoraire de l’Education chargé de mission
 pour l’Ecole Maternelle et la Petite-Enfance
 

 
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M
n'est-ce pas tout simplement le bon sens partagé (père/mère) et la transmission de valeurs ? çà me paraît tellement simple ...signé 'Mo devenue depuis quelques jours la "Mo-my" de Basile et Vincent<br /> V.qui grandiront, je l'espère, dans les valeurs de leurs parents eux-mêmes récipiendaires de cette éthique. Bravo pour ce blog !
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M
<br /> Entièrement d'accord avec ce mode d'éducation qui fut notre fil rouge lors de la "construction" de notre "petite graine, Olivier, par contre trop d'indépendance dès le plus jeune âge, mène à<br /> l'indépendance à l'âge adulte avec pour conséquence un recul parfois frustrant pour la mère, chacun étant sensé se prendre en charge..et, en ce qui me concerne j'en fais les frais, il faut dire que<br /> pour un garçon une fois l'envol pris....<br /> Voilà .. mais non rien de rien, non je ne regrette rien ! bizatoi !<br /> <br /> <br />
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Oui, le second doctorat en PHILOSOPHIE est terminé et réussi. Affection, Guy!